vendredi 27 mars 2009

28 - Les coulisses du Dakar


Lorsque Thierry Sabine Organisation lança pour la première fois un bataillon d'aventurier dans le désert, la France entière s'enflamma. Puis se fut petit à petit le tour des pays voisins de se passionner pour cet évènement en découvrant des paysages incroyables et des visages poussiéreux.

J'ai eu la chance d'assister plusieurs fois au départ du Paris Dakar dans les années 80. Je travaillais de nuit dans un casino Parisien et le 1er Janvier était devenu un rendez vous incontournable. J'entrainais mes collègues dans le froid matinal au Trocadéro puis au Château de Versailles. C'était le « after » de notre génération. Je me souviens être tombé en fascination devant le personnage de Thierry Sabine que l'on pouvait voir déambuler calmement dans le parc de véhicules à l'époque accessible au public. Cet homme dégageait vraiment quelque chose. Il n'était pas qu'un simple aventurier. Il était le berger à qui tous ces hommes et femmes confiaient aveuglément leur sort. Il représentait exactement ce que j'aurais aimé être, alors que j'étais encore un jeune homme rêveur en recherche d'identité. Au niveau des concurrents, j'étais un admirateur inconditionnel de Cyril Neveu qui du haut de ses 1 mètre 60, gagna les deux premières éditions sur une XT500 avant de devenir le pilote officiel Honda El Charro. Je me souviens encore des images de la compétition entre lui, Gaston Rahier et Hubert Auriol qui se brisa les deux jambes au Lac Rose mais qui rejoignait tout de même l'arrivée dans d'atroces souffrances. Ces images ont fait le tour du monde. Aujourd'hui encore, le Dakar évoque tellement le rêve que l'on se demande rarement ce qu'implique la mise sur pied d'une aventure de cette ampleur. Avec du recul, on se rend mieux compte des contraintes de coordination.


Depuis toujours, le Dakar est un évènement nomade. A.S.O relève chaque année le défi de transporter non seulement la direction de course, mais aussi toute la logistique qui concerne la restauration, le ravitaillement essence, les télécommunications, le service médical, les sanitaires, les générateurs d'énergie, etc...
Le temps est le facteur déterminant. Le rallye va de plus en plus vite. La distance est restée la même mais l'épreuve dure 14 jours au lieu de 21 jours autrefois. Or, toutes les structures logistiques doivent être opérationnelles avant que le premier concurrent ne franchisse la ligne du CP final au bivouac.
Cela impose que l'on adopte une stratégie en tiroir. Les structures sont doublées et le montage du village se fait en alternance. La structure de l'étape 1 partira directement à l'étape 3 pendant qu'une deuxième équipe prendra en charge le village de l'étape 2, exactement comme une tournée de U2. Il faut deux podiums, deux jeux de lumières, deux sonos, mais il n'y a qu'un Bono.

De la même manière, sur le Dakar il n'y a qu'un Etienne Lavigne, une seule équipe de juges de course, une seule équipe médicale. Le personnel spécialisé se déplace donc en avion de bivouac en bivouac. Dans cette transhumance, les journalistes sont choyés car ils garantissent à eux seuls la notoriété de l'évènement. Je ne connais pas les chiffres exacts en terme de véhicules et de personnel, mais c'est très impressionnant visuellement. Ce sont des tonnes de matériel transportés et des centaines d'individus venus de tous les horizons qui s'affairent chaque jour dans l'anonymat et sous la coordination d'A.S.O. pour que les concurrents puissent vivre cette grande aventure et que les médias puissent la faire partager au public.

Et puis il y a les gens sur le terrain. Les équipes chargées de la sécurité sur le parcours passent pratiquement la totalité du rallye dans leur vieux Toyota. Ils transportent de la nourriture, de l'eau et de l'essence pour plusieurs jours. Il sont autonomes. Avant le passage du rallye, leur mission est de veiller à ce que le terrain soit praticable et que les normes de sécurité pour les concurrents et les spectateurs soient respectées. Après la spéciale, ils doivent s'assurer que les biens n'ont subits aucun dommage, avant de repartir directement sur la spéciale suivante.


De tous les participants à cet évènement, pilotes inclus, ce sont de loin ceux qui passent le plus de temps dans le désert. Ce sont eux aussi qui parcourent le plus de distance du fait des va et vient sur la spéciale. Ils sont de vrais baroudeurs.

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