mardi 17 mars 2009

24 - Un faux combat

Ce lundi 16 mars est le premier jour légal d’utilisation des motos au Québec. La loi sur les pneus d’hiver est intransigeante. Du 15 Décembre au 15 Mars, tous les véhicules doivent être équipés de pneus d’hiver. Vous pouvez donc vous tuer sur la neige en toute légalité avant le15 décembre ou bien après le 15 mars. Cette disposition administrative a du demander une mobilisation importante. Les couts directs et indirects ont du aussi être conséquents. Tout ça pour l’abruti qui ne sait pas qu’il est extrêmement dangereux de rouler sur la neige avec sa moto. Il doit y en avoir au moins un puisqu’il y a une loi destinée à le protéger contre lui-même. J’espère qu’il n’est pas un des membres de http://www.ridaventure.ca/ que je viens de rejoindre.

Le 16 Mars, c’est aussi la date d’une interview donnée sur CKAC sport où nous avons effleuré quelques aspects écologiques et de société que j’aimerais approfondir.
Le Dakar est souvent attaqué sur le thème de la pollution et sur celui de la mort des petits africains dans les villages. Nos militants et politiciens les moins courageux préfèrent en effet s’attaquer à un petit événement médiatisé plutôt que de s’attaquer à une montagne. Ils brandissent le poing levé tels les sauveurs de la planète, s’accréditant de bonne foi et de popularité. Le plus agaçant est que ce jeu purement politique fonctionne. Notre société réfléchit de moins en moins. Nous sommes prêts à croire n’importe quoi, pourvu que l’orateur ait l’air sincère et que ce soit dit à la télévision.

Les rallyes suscitent un engouement populaire très marqué en Afrique et en Amérique du Sud. Le jour du départ du Dakar cette année, ce sont 500.000 personnes qui se sont bousculées dans Buenos Aires et autant sur le parcours entre Buenos Aires et la première spéciale, soit au total 1 million de spectateurs. Bien évidement ce rassemblement le long du parcours représente un danger malgré les dispositions de limitation de vitesse imposées sur certains tronçons habités. Rien ni personne ne peut empêcher la possibilité qu’un enfant traverse la piste. C’est arrivé et ça arrivera encore. Il faut retenir cependant qu’il n’y a aucune intention de violence dans ces tragédies qui affectent aussi les pilotes, pères de familles pour la plupart.

Personnellement la violence me dérange. Les victimes innocentes occasionnées par certaines rencontres historiques de football me dérangent. Le joueur de hockey décédé à la suite d’une bagarre sur la glace me dérange. La culture de la violence physique, verbale ou morale appliquée à notre quotidien en général me dérange. Pourtant jamais personne n’a proposé de supprimer les matchs de football ou de hockey. Je suis sensible à ces accidents survenus sur le rallye dans le passé, mais beaucoup moins qu’aux massacres ethniques.
Le déplacement du Dakar en Amérique du Sud a des conséquences désastreuses pour l’Afrique, bien plus que les 12 victimes regrettables parmi la population depuis trente ans. En effet, ce continent vient de perdre 600 heures de reportages télévisés dans presque cents pays. Cela représente environ 200 fois le budget de communication du Sénégal, peut être 1000 fois celui du Mali ou du Niger. D’autre part, le Dakar est aussi une action humanitaire créée par Daniel Balavoine. Les pilotes eux mêmes parrainent bien souvent une association caritative. Cette année, ces dizaines de milliers de dollars iront au bénéfice de l’association Argentine Un techo para mi pais. Mais que les gens se rassurent, il n’y aura aucun autre petit africain mort cette année pour des raisons autres que l’abandon à leurs propres sorts.

Quand à la pollution, les 500 véhicules qui roulent pendant 15 jours dans le désert n’occasionnent pas plus de dommage à la planète que 500 autres circulant en ville pendant la même période. Le terrain lui-même n’est pas affecté. Après le passage du rallye, la nature reprend ses droits. La première pluie, le premier coup de vent éliminent toute trace de passage. Il suffit de rouler sur une piste ventée pour constater qu’il n’y a aucune trace au sol du concurrent qui précède d’une minute votre position.
L’émission de CO2 pendant le Dakar est des milliers de fois moindre que la pollution causée par les tondeuses à gazon ou souffleuses à neige thermiques. Je suis surpris qu’aucune instance n’ait encore proposé l’utilisation d’outils électriques. La rotation d’avion pendant les jeux olympiques de Pékin a représenté un préjudice à l’atmosphère plusieurs milliers de fois plus grave. Encore là, personne ne parle de supprimer cet événement pourtant aussi inutile qu’un rallye.

Le Dakar est utilisé sciemment pour sensibiliser la société sur le combat écologique à mener. Ceci a une conséquence intellectuelle majeure, car pendant que les gens se découvrent une âme militante anti rallye, les chinois détournent un fleuve sur une distance de 300 kilomètres, mettant en péril l’équilibre hydro thermique de toute la planète.
Nous faisons face à une réalité démographique. Nous sommes de plus en plus nombreux sur la terre mais les priorités économiques et culturelles de chacun divergent. Au sein d’un même pays, certains privilégient l’aseptisation par l’élimination de tout ce qui dérange, y compris la liberté de penser. D’autres privilégient les sens et les émotions, en cherchant des alternatives sociales qui leur donnent encore la sensation de remplir leur vie. Personnellement, je conduis une moto.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Pierre de prendre de ton temps pour nous partager tes réfléxions, c'est important et ça fait avancer celle de ceux qui comme moi n'ont pas la chance de vivre des expériences comme le Dakar.

Partager une passion rapproche les gens, continue de nous éveiller, on en a besoin.

Touche
www.Ridavneture.ca

Anonyme a dit…

Merci Pierre de prendre de ton temps pour nous partager tes réfléxions, c'est important et ça fait avancer celle de ceux qui comme moi n'ont pas la chance de vivre des expériences comme le Dakar.

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