mercredi 11 février 2009

13 - Tout sur la navigation

Contrairement aux idées reçues, bien que obligatoire dans les compétitions internationales, le GPS n'est pas utilisé par les pilotes dans sa fonction de routage. Seul la fonction boussole est active. Le GPS rempli donc deux fonctions majeures au bénéfice de l'organisateur du rallye. Premièrement, dans le cadre de la sécurité, il permet de localiser un pilote en détresse. En second, il permet de vérifier que le parcours a été respecté dans son intégralité, c'est á dire les points de passage obligatoire (WP) et les limitations de vitesse dans certaines zones habitées (DZ). Le pilote se voit imputé de 3 heures de pénalité pour chaque point de passage obligatoire non respecté. La disqualification définitive du concurrent sanctionne quatre WP manqués.

Alors comment navigue t'on sur un rallye comme le Dakar ?

Tout le monde se souvient des divertissantes chasses au trésor dans le jardin de son enfance. Chaque nouvel indice marqué d'une flèche nous renvoyait vers le suivant, jusqu'à tomber finalement sur le paquet de bonbons soigneusement caché, parfois très proche du point de départ.
Eh bien, le principe est exactement le même. Le pilote se voit remettre une feuille de route (Road Book) qui illustre point par point le parcours á suivre. Il se présente sous la forme d'un rouleau de papier d'environ une quinzaine de centimètres de largeur et d'une longueur une fois déroulé pouvant atteindre vingt mètres. Avant d'installer ce rouleau sur le dérouleur de Road Book électrique dont toutes les motos sont équipées, le pilote doit l'étudier point par point tout en marquant avec des couleurs bien visibles les changements de direction, les dangers, les indices remarquables et les caps á suivre. Cet exercice fastidieux est indispensable car il faut être capable de décoder les indications tout en roulant á grande vitesse sur des pistes dangereuses.

Chaque point est représenté par le kilométrage depuis le début du parcours et la distance qui le sépare du point précédent, puis une vue de la piste á suivre complétée par les instructions ou remarques permettant d'atteindre le point suivant. (cf photo en début d'article).

Lorsqu'un pilote perd le fil , il se perd inévitablement car il ne dispose d'aucun autre moyen pour identifier sa route future. On dit alors dans le jargon rallye qu'il jardine. Il doit dans ce cas revenir sur ses pas jusqu'au dernier point connu, puis recaler le compteur kilométrique avant de reprendre finalement le bon chemin vers le point suivant.

Il est intéressant de signaler que les pilotes de tête utilisent ce stratagème pour perdre les poursuivants. En effet, le jeu consiste á partir volontairement dans une mauvaise direction en espérant être suivi avant de faire demi tour pour reprendre la bonne piste. Stéphane Perterhensel, recordman des victoires au Dakar, domine largement cette technique.

Dans ce jeu de piste, la récompense n'est pas un paquet de bonbon mais un poste de ravitaillement essence improvisé dans le désert qui permettra d'atteindre ensuite le CP de fin de spéciale. là où le chronomètre s'arrête.

Pour pouvoir suivre fidèlement le road book, il faut nécessairement que la moto soit équipée d'un totalisateur de distance précis á 10 mètres près. Cet instrument appelé Trip Master est couplé á une commande au guidon pour le recallage permanent. Il faut ensuite une boussole électronique pour indiquer le cap suivi par la moto.
Ces trois composants, (1) Road Book á commande électrique, (2) Trip master et (3) Compas électronique sont placés á hauteur des yeux, le pilote étant debout 75% du temps sur une moto off road. Il faut en permanence avoir un oeil sur la piste, un oeil sur les instruments et un troisieme sur les indicateurs de température d'eau et de pression d'huile. Pour corser la difficulté, il faut aussi manipuler en même temps l'embrayage, la commande du road book, la commande du trip master, les freins et la commande de gaz, sans oublier le sélecteur de vitesse.
Rajoutez la poussière et vous comprendrez pourquoi cet exercice dangereux de coordination et de funambule á grande vitesse a fait la légende des rallyes raid, et plus spécifiquement celle du Dakar.

Au cours de la deuxième spéciale, mes instruments, y compris le dérouleur électrique, tomberont en panne á cause d'une surtension électrique. J'ai dû adopter la méthode de l'estime, c'est á dire évaluer á peu prêt la distance séparant deux points du road book déroulé manuellement.

Pour avoir une idée de la difficulté, je vous invite á visionner la vidéo suivante.
http://www.youtube.com/watch?v=q2prWobYlt8

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