mercredi 1 avril 2009

30 - Les spéciales neutralisées





L’étape du jour consiste en une grande boucle dans les dunes autour de Copiapo. Les parents des frères Prohens sont venus saluer le team les bras chargés de raisins de table qu’ils cultivent en vue d’une exportation presque exclusive vers les Etats Unis. Je bavarde avec la maman fière des exploits de ses deux chérubins, Christine que j’avais déjà rencontrée á Buenos Aires avant le départ. Cette ancienne professeure est vraiment très sympathique. Elle est intriguée par le nombre de marques d’encouragements sur la carrosserie de ma moto. Aussi, elle me demande de lui fournir un gros feutre noir puis elle inscrit sur le garde boue avant les mots suivants : « Pierre, tu seras toujours le bienvenu au Chili, Christine ».

Contrairement á l’Argentine, le public est peu nombreux autour du bivouac. En fait, la plupart des spectateurs est déjà monté au sommet du col où le départ est donné. Ici, il n’y a que la petite ville et les dunes, rien d’autre. Le nombre de 4x4 est impressionnant et l’habileté des chauffeurs l’est tout autant. Bien que l’accès soit contrôlé, des centaines de véhicules se sont engagés le long du parcours dans la passe large de plusieurs kilomètres. Il est impossible de surveiller une surface aussi grande. Cela ne représente néanmoins aucun danger car tous les véhicules de course empruntent le même trajet sur une bande de sable d’une largeur de quelques centaines de mètres tout au plus. C’est á cet endroit que je prendrais la plus belle photo du rallye selon moi. Il s’agit de la photo sur le blog où l’on voit l’hélicoptère de l’armée Chilienne décoller dans la poussière devant trois pilotes Mitsubishi. C’est ça le Dakar !

L’étape comme plusieurs autres depuis St Raphael est raccourcie. Le rallye est beaucoup plus dur qu’en Afrique aux dires des anciens. Dans son ensemble, tout le monde en bave, que ce soient les camions, voitures et motos. Perdu dans le dédale de sable, un des pilotes gravit avec beaucoup de peine la plus haute dune du parcours á l’approche de l’arrivée. Lorsqu’il rejoint les 150 mètres du sommet, il voit les lumières du bivouac mais sa moto lui joue alors un mauvais tour. En effet, celle-ci a décidé de tomber et de glisser jusqu’au pied de cette montagne, mais du mauvais côté. Le pilote déjà á l’agonie doit redescendre á pied, puis reprendre de l’élan afin de gravir de nouveau la dune et se laisser glisser vers l’arrivée. C’est très court á raconter mais c’est très long á faire.

Stéphane descend d’un camion au CP final. Je comprends immédiatement qu’il a eu un problème avec la moto, lui-même paraissant en bonne santé. Sa roue avant s’est disloqué rayon après rayon. Il a essayé de réparer mais il a du se contraindre á monter dans le camion. Je lui demande alors pourquoi il n’a pas chargé la moto á bord. Le règlement précise que le moteur doit tourner lors du franchissement de la ligne. Il lui aurait suffit de passer la ligne d’arrivée en trainant la moto sur 1 mètre pour être encore en course. Il n’y a pas pensé car il est trop honnête. Pour lui le Dakar s’arrête là. C’est vraiment dommage car il avait fait une remontée spectaculaire depuis la casse de son moteur. Il est tres calme et n’affiche aucune rancœur. Je semble plus déçu que lui car égoïstement j’aurais vraiment aimé qu’il termine pour quelque part cueillir un peu de sa victoire. Ça m’apprendra à aider un Belge.

Demain, c’est le départ en convoie vers Fiambala pour les concurrents encore en course, la spéciale étant encore une fois annulée. Ils ne bénéficieront d’aucune aide durant cette journée marathon. Les véhicules d’assistance doivent se rendre directement á La Rioja par une piste de 800 kms traversant la cordillère des Andes et culminant á 4700 mètres. C’est un spectacle incroyable que nous découvrons virage après virage. A mon grand étonnement, je vois un petit regroupement d’habitations en plein milieu. Quelques gamins jouent comme des millions d’enfants dans le monde. Pourtant je suis bel et bien dans un autre monde.

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